Bulletin municipal n° 2 – janvier 1984
La loi Guizot (de 1833) impose, dans les 6 ans, la construction ou la location d’une maison d’école (les communes peuvent se grouper). Cette loi précise dans son article 1 : « L’instruction primaire élémentaire comprend nécessairement l’instruction morale et religieuse, la lecture, l’écriture, les éléments de la langue française et du calcul, le sytème légal des poids et mesures ».
C’est le 19 décembre 1840 que le Préfet du Loiret, Jean-Baptiste Onfroy de Bréville, attire très vivement l’attention du maire du Châtenoy, Jean-Baptiste Berthau : « Toutes les communes (107) de l’arrondissement d’Orléans, à l’exception de la vôtre seulement, sont aujourd’hui pourvues d’instituteurs… » Et il transmet la proposition de l’Inspecteur des Ecoles d’en placer un au cours de l’année 1841. Il l’accompagne d’une condition : la commune devra fournir à cet enseignant « un local, tant pour lui servir d’habitation que pour recevoir les élèves. » En attendant une construction neuve qui pourrait tarder (la suite des événements lui donnera raison !), il suggère la location d’un local convenable.
Dossier égaré…
Le conseil municipal avait déjà réfléchi à cette question, puisqu’il avait envisagé la vente de « plusieurs portions de terrains communaux » pour pouvoir financer cette opération, suite à une pression et des conseils du précédent préfet, Henri Siméon, en date du 18 juin 1839. Le 25 janvier 1841, le maire signale au Préfet que les documents contenant ces conseils et la marche à suivre ont été égarés. Le préfet lui demande le 11 février de venir consulter le dossier à la préfecture. Le 7 mai, le maire ne s’étant point manifesté, le préfet renouvelle sa proposition… qui semble tomber dans l’oubli.
En 42, 43, 44 (déjà en 38), quelqu’un – qui n’est pas instituteur – enseigne à Châtenoy, des mentions du registre des délibérations le prouvent.
En septembre 1844, le conseil vote une imposition extraordinaire de 1 000 f. pour la construction d’une maison d’école. Pour la faire approuver par une ordonnance royale, le Préfet, qui s’appelle maintenant Henri-Léonce Vallet de Villeneuve, demande plans et devis.
A la recherche d’un terrain…
Le mois suivant, le maire, Joseph Thoreau, à la recherche d’un terrain, en propose un attenant au cimetière (celui qui entourait l’église). Le terrain en question appartient à un sieur Moreau, récalcitrant, que le maire se propose d’exproprier. Le transfert du cimetière permettrait d’agrandir les dépendances, indispensables, de la maison d’école.
Le Préfet, peu favorable à ces opérations compliquées, suggère le 13 octobre de trouver un autre terrain : « La construction d’une maison d’école est une opération qui intéresse à plus d’un titre tous les pères de famille. Un local convenable pour la tenue des classes importe autant à la santé des enfants qui doivent la fréquenter qu’au progrès de leur instruction. Cette double considération doit être de quelque poids auprès des propriétaires de la commune de Châtenoy et j’aime à croire que ceux-ci se réuniront à vous pour aplanir les obstacles qui se sont opposés jusqu’à ce jour à ce que cette commune, seule de toutes celles de l’arrondissement d’Orléans, soit dépourvue d’instituteur primaire, faute d’une maison d’école. »…
Au début de l’année 45, la commune n’a pas encore de maison d’école et n’a plus personne pour jouer le rôle d’instituteur public. Le recteur s’adressant au maire le 12 février montre des réticences : le comité local lui propose un cultivateur non breveté pour exercer cette fonction. Il rappelle que ce serait un emploi précaire, d’un an au plus, que le candidat aurait tort de
demander quittant ainsi son emploi stable. Et pourra-t-il dans un an obtenir le brevet de capacité ?
Le projet échouera, mais un an plus tard, le recteur aura l’occasion de donner satisfaction au curé de Châtenoy : « Je suis disposé à autoriser provisoirement le sieur Gallon (Baptiste-Alexandre) à diriger l’école communale ». Ce sera le premier instituteur de Châtenoy, nommé par l’Académie le 26 février 46. La famille Gallon aura un moment le monopole de l’enseignement puisque la demoiselle Adèle Gallon sera autorisée à diriger un asile-ouvroir. (Un asile-ouvroir reçoit des filles à partir d’une douzaine d’années et des adolescentes pour leur donner une formation morale et des notions pratiques comme la couture…)
En mai 46, Châtenoy compte officiellement 421 habitants. On dénombre 40 enfants en âge de fréquenter l’école, 20 qui la fréquentent réellement. La rétribution scolaire payée à l’instituteur par les familles rapporte 210 f. Seize sont en état de la payer, quatre sont considérées comme indigentes.
…Les propriétaires sollicités par le Préfet ont dû faire la sourde oreille puisque le 5 juin 1846, le maire transmet au Préfet un projet de construction, auquel s’ajoute une salle de mairie, … sur une partie de la place du bourg attenant au cimetière (avec, toujours, espoir de transfert de ce cimetière). Le Préfet est toujours aussi peu enthousiaste (La salle de classe n’occupe qu’une place très secondaire dans le projet qui est chiffré à 7 700 f, mobilier compris). Il demande des documents complémentaires.
Lui parviendront-ils ? On peut en douter. Plusieurs fois à partir de 1847, le conseil affirme que
« vu la cherté des subsistances qui a obéré la plupart des habitants, il serait urgent qu’il ne soit point voté de fonds pour cette construction cette année »… Pourtant, le 4 janvier 1849, « dans le but d’assurer à la commune le bienfait de l’instruction primaire », le maire signale au Préfet, Alfred Pereira, que le conseil est prêt à acquérir une maison mise en vente par les époux Rivière…
Et nous voilà sur les lieux de la future école…
Le 19 janvier, le Préfet, devenu par la grâce d’une révolution, le « dévoué concitoyen » du maire, « félicite le conseil municipal de Châtenoy de son bon vouloir ». Il propose d’envoyer sur place l’Inspecteur des Ecoles. Le 9 février, un obstacle est signalé : « La maison appartient pour 1/6ème et par indivis à un propriétaire qui semble vouloir profiter de l’embarras de la commune ». C’est l’arrêt du projet. En mai, puisque l’école ne peut plus se faire, le conseil décide d’utiliser une partie des fonds disponibles (525 f 08 c) pour fondre et installer une nouvelle cloche (de 250 kg) à l’église, l’autre (de 198 kg) étant cassée. Le sieur Ménigault fournit bancs et tables à la maison d’école, pour 42 f 25 c.
Pourtant, le 13 décembre 1849, on peut penser que tout s’arrange : « Je soussigné Jean-Baptiste Morin, laboureur demeurant à Châtenoy, promet vendre à ladite commune… le sixième en nu-propriété, m’appartenant, dans une maison située au bourg de la commune de Châtenoy, composée de divers bâtiments et environ 73 ares de terre et jardin, le tout d’un seul tenant, joignant le levant à un chemin d’aisance, d’occident à André Moreau, du midi à plusieurs et du nord au chemin du port »…
Le 7 août 1850, les 7 conseillers présents à la réunion donnent un avis favorable à la nomination du sieur Pointeau Pierre, la commune n’ayant plus d’instituteur. (Pointeau sera déménagé par Jean Sifflet, voiturier à Châtenoy (pour 3 f) et logé par André Moreau.) Sur les 7 conseillers, 4 ont pu signer (le maire Sevin, Rousseau, Ville, Jahan) et 3 ont déclaré « ne le savoir » (Ménigault, Prochasson, Nicolle). La loi Falloux, cette année 1850, précise dans son article 31 que « les instituteurs communaux sont nommés par les conseils municipaux », dans son article 44 que « les autorités locales préposées à la surveillance et à la direction morale de l’enseignement primaire sont, pour chaque école, le maire, le curé, le pasteur, ou le délégué du culte israëlite ».
Le 23 décembre, le préfet devra intervenir à la suite d’une réclamation de Mlle Huet, directrice de la salle d’asile (ancêtre de l’école maternelle) qui ne veut pas remettre au sieur Pointeau le mobilier de son école. Mlle Huet deviendra la domestique de M. le curé le 1er août 1850 et sera remplacée par Joséphine Caillette, femme Pointeau).
Pendant ce temps, nouvelle difficulté…
En février 1851, le sieur Morin est revenu sur sa promesse. Le maire et le Préfet, Jean-Baptiste Dubessey envisagent une expropriation pour cause d’utilité publique, si aucun autre emplacement ne se découvre. Le 2 avril, la procédure d’expropriation du sieur Morin est mise en route. Le 9 mai, il écrit au Préfet pour lui manifester sa surprise et sa bonne volonté. Il se déclare très conciliant et n’a jamais rien refusé. Pour 700 f., il cède sa part à la commune. Le conseil municipal s’indigne et n’en propose que 400. Le Préfet tente l’apaisement (le 12 juin). (Le 6 juillet, le conseil estime « que l’agrandissement de l’église est plus urgent que l’agrandissement de la maison d’école »). On se mettra d’accord dans le courant du mois sur la somme de 550 f. La maison acquise –c’est promis- il restera à la transformer en maison d’école.
Et c’est le coup d’Etat du 2 décembre 1851, Napoléon est en route vers le Second Empire… L’architecte choisi, M. Mathéron, d’Orléans « néglige de s’occuper de ce travail, malgré les pressantes instances qui ont été faites auprès de lui » se plaint le maire, le 12 décembre. Choisissez-en un autre, répond en vain le Préfet le 24 décembre. Décidez-vous, tonne-t-il le 6 février 1852, « afin de ne pas retarder plus longtemps l’étude d’un projet qui a un véritable caractère d’urgence ».
Et puis, c’est la catastrophe :
« Le maire de Châtenoy (Louis Thoreau) à M. le Préfet, Le 9 février 1852.
Puisque vous m’avez fait l’honneur de me placer provisoirement à la tête de l’administration municipale de la commune de Châtenoy je veux avec le concours des membres de la commission des travaux et votre appui qui j’ose le croire ne me fera pas défaut, tâcher que ce qui se fera pendant ma gestion marche régulièrement et légalement. Vous savez, M. le Préfet, que depuis longtemps la commune a quelque argent en caisse et que cette somme est destinée, le département aidant, à faire construire une maison d’école. Sous l’administration de feu mon père, le plan en avait même été fait et approuvé. Survient 1848 et le changement qui se fit dans la commune et le changement fut cause qu’on ne donna pas suite au projet.
Plus tard, Messieurs Bobée et Desbois, membres du Conseil Général et d’arrondissement vinrent sur les lieux pour voir une maison qui se trouvait à vendre afin d’en faire l’acquisition pour servir de maison d’école et le marché fut conclu verbalement. Comme il n’y a rien eu définitif et que ce marché est tout à fait désavantageux pour la commune, je vous prierai, M. le Préfet, d’annuler le marché, attendu que cette maison est tout à fait impropre avec quoi on la destinait par sa mauvaise construction, son peu d’élévation et sa hauteur et largeur inégales. Les nombreuses réparations qu’il faudrait faire avec une nouvelle salle qu’il faudrait construire atteindrait bientôt le chiffre que coûterait une maison neuve et on n’aurait rien de bien.
Veuillez donc je vous prie M. le Préfet faire droit à ma juste demande dans le plus bref délai possible afin qu’on puisse choisir un terrain convenable et commencer les travaux aussitôt que faire se pourra.
Si l’on est obligé, comme c’est présumable, d’en venir à l’expropriation, je vous prierai de ne pas s’arrêter à cet obstacle, car dans la commune personne ne veut vendre de terrain pour bâtir, c’est probablement cette cause qui avait engagé ces messieurs à faire la mauvaise acquisition qu’ils ont faite.
En attendant votre décision. »
La décision, on s’en doute, ne vient pas. Le 12 février, le Préfet, prudent et patient, demande, avant d’annuler le précédent projet qu’on lui en présente un meilleur et rappelle que « l’expropriation est une mesure qui entraîne avec elle une instruction longue et compliquée. Il serait donc à désirer de n’en pas faire usage, afin de ne pas ajourner encore l’exécution d’un projet qui, malgré tous les efforts de l’administration supérieure a déjà subi tant de difficultés et de lenteur ».
Malgré tout, le 17 février, le conseil municipal s’oriente vers l’expropriation d’un terrain qu’on laisserait (pas très courageusement !) choisir à l’administration supérieure, parmi 4 (3 le long de la route n° 12 appartenant à Louis Moreau, Louis Raffard et Louis Thoreau, et 1 le long du chemin de Châteauneuf, à André Moreau).
Le 23 février, le Préfet invite sèchement à revenir au premier projet, à la maison Rivière et Morin. Avec succès puisque le 20 juin, le nouveau Conseil adopte le projet d’acquisition de « la maison des sieurs Rivierre et Morin », mais y met une condition nouvelle, « que la maison et une partie du terrain y attenant seront vendues ou mises en location » ; Le 28, le Préfet exprime son désaccord avec cette condition nullement justifiée.
Le 11 novembre (C’est déjà l’armistice !), le conseil se range au projet de « l’avant-dernier conseil » et accepte d’acquérir la fameuse maison, sans conditions (7 pour, 2 contre)… A la demande de Pointeau, il complète également la dotation de l’école par des « objets indispensables » : « Un christ, un tableau du système métrique, une pendule, une méthode de tableaux de lecture, un boulier compteur, une carte du canton, une de l’arrondissement, une du département, une de la commune, et une autre de la France ».
Le 18, le Préfet, heureux, rappelle cependant que des litiges oubliés au fil des ans subsistent (déplacement d’une voie d’accès, amputation du terrain, prix…). Le sieur Morin devra signer une autre promesse de vente.
L’architecte qui doit s’occuper de l’agrandissement de l’église ira sur place. Les travaux, financés par le Conseil Général pour un tiers, ne devront pas dépasser 9 000 f… Le 28 novembre, le maire, Louis Moreau, signale que le sieur Morin refuse de souscrire une nouvelle promesse de vente et le 1er décembre, le Préfet annonce qu’il déclenchera la procédure d’expropriation, dès qu’il aura plans et devis relatifs aux travaux « d’appropriation » de la maison, plans et devis que le conseil adoptera le 1er janvier 53…
Améliore-t-on ou Fait-on du neuf ?
Le Conseiller Général de Châteauneuf, Ernest Bobée, arrive à la rescousse le 15 janvier. Il situe bien le problème qui se pose : « Ferez-vous simplement une classe neuve et réparer l’ancienne maison pour loger l’instituteur ou ferez-vous construire une maison entièrement neuve où seraient la classe, la mairie et le logement de l’instituteur ? » Il ajoute un commentaire : « Ce dernier parti serait peut-être le plus sage… car la maison est bien mauvaise ». Il conseille un architecte orléanais, M. Imbault ou le maire de Vieilles-Maisons, M. Riballier, « ancien entrepreneur distingué ». Le 24 mai 53, nouveau Préfet, Boselli, mais lettre identique à celle de son prédécesseur : Envoyez-moi un dossier complet. Par une nouvelle lettre du Préfet du 29 juillet, on apprend que les architectes sont favorables à la destruction de la maison, mais que l’inspecteur de l’enseignement primaire la trouve « parfaitement convenable » pour un logement d’instituteur…
Le maire et le curé de Châtenoy ont préparé une liste d’élèves, les plus pauvres, susceptibles de fréquenter l’école gratuitement au cours de l’année 54. Le conseil la limite à 44 élèves (Elle sera de 29 en 55, de 27 en 56… Plus elle est restreinte, moins la commune paie). Les enfants qui ne sont pas admis gratuitement paient 1 f jusqu’à 9 ans et 1,50 f au-dessus. Le traitement fixe de l’instituteur est de 200 f, mais la commune doit lui assurer un minimum de 600 f. (Une cognée en 1853 coûte 3 f chez le charron et un manche de pioche 50 c).
Le 18 décembre 53, le maire Moreau se plaint du peu d’empressement de l’architecte Imbault qui a été finalement retenu. Stimulez son zèle ou remplacez-le, conseille le Préfet le 22.
Un courrier préfectoral du 20 décembre montre que c’est M. Rivière qui touche les 140 f pour le loyer de la maison d’école. La maison, source de tant de tracas, sert donc probablement déjà d’école
Le 9 février 54, le maire, suite à une délibération, envoie une copie du devis :
Acquisition de la maison et du jardin 3 000 f
Devis 4 375 f
total 7 375 f
Le préfet, le 15 février, rappelle la procédure (3 avis à obtenir dont celui du conseil départemental des travaux publics). Le 28 mars, il expose le détail du financement qu’il propose (2 500 f de subventions, vote de centimes additionnels pour les années 55, 56, 57, 58). L’ensemble des opérations est autorisé par l’empereur Napoléon au Palais des Tuileries, le 6 décembre 1854. Il est encore temps pour le sieur Morin d’accepter un accord amiable.
La vente de leur maison par les époux Rivière est enregistrée à Châteauneuf par M. Poulain, notaire, le 9 février 1855. Le sieur Morin, lui, affronte la procédure d’expropriation qui sera terminée vers le mois de juin 1856.
Le 22 juillet 56, le Préfet est obligé de rappeler que les plans établis ne doivent pas être changés, le conseil ayant été séduit par un plan modèle donné par le bulletin de l’instruction primaire. Il propose seulement quelques modifications (hauteur de la classe portée à 4 m, 2 placards et une niche pour le poêle, aménagés dans l’épaisseur des murs).
Au mois d’octobre, l’adjudication révèle une augmentation sensible (22 %) par rapport au devis initial, rédigé il est vrai depuis bien longtemps, 4 ans environ ! Le sieur Lelièvre ferait les travaux. Le 26 octobre, le conseil décide d’abandonner le projet de rénovation de la maison pour la reconstruire entièrement, « en remettant l’adjudication au printemps prochain, époque à laquelle elle paraîtrait devoir s’accomplir dans des conditions plus favorables, à cause d’un renchérissement momentané de la pierre, occasionné par l’inondation ».
(Comme en 46 puis 10 ans plus tard en 56, la Loire vient d’inonder le val. La réparation des dégâts a dû provoquer une importante demande de pierres.)
Financer les augmentations…
Le 18 novembre, le préfet avance une proposition pour financer l’excédent de dépense (4 000 f) : la vente par la commune de ses droits de pacage sur les vagues de la forêt…
…Le succès dépasse les espérances du Préfet ; presque tous les membres du conseil sont acquéreurs, à un prix ridiculement bas, ce qui l’oblige à annuler la délibération (le 8 décembre 56). Pendant ce temps, l’entrepreneur Lelièvre, adjudicataire, s’impatiente. Le 4 février 1857, la vente, légale cette fois, des droits de pacage, ayant rapporté les 4 000 f nécessaires, le nouveau projet est approuvé et finalement, c’est le plan modèle donné par le bulletin de l’instruction primaire, précédemment refusé par le Préfet, qui sera retenu par ce dernier ! Il faut tout revoir.
Le 12 mars, menaces à l’architecte Imbault qui prend son temps ! mais qui donne son projet le 27 (pour 9 209 f 54 c, tout augmente !).
Le 4 avril 1857, le Préfet annonce que tout est en place au niveau des plans, du financement, de la procédure d’adjudication. Le 9 mai, il précise que les travaux devront être exécutés avant le 30 septembre.
Le 1er février 58, on règle des détails (Une erreur d’addition de 100 f commise au devis sera supportée par la commune, comme les honoraires de l’architecte que le conseil voulait voir payer par l’entrepreneur…).
Le 13 novembre, la réception des travaux est envisagée. Elle aura lieu « sous 10 jours ».
Quelques mises au point…
Des problèmes subsistent puisque le 22 mars 1859, le maire de Châtenoy est à la recherche du cahier des charges de l’adjudication des travaux, afin de s’assurer « si toutes les conditions ont été fidèlement remplies par l’adjudicataire ». Le cahier est retrouvé puisque le 14 avril, une procédure destinée à obliger l’adjudicataire à des travaux complémentaires est déclenchée. Les travaux seront réalisés.
Le 16 juin 1859 (20 ans à 2 jours près se sont écoulés depuis la première intervention d’un Préfet), tout est terminé.
***
On imagine facilement l’émotion de ceux qui ont pu fréquenter la nouvelle école cette année-là. Ils ne viendront pas tous ou pas régulièrement. Ils étaient 22. Ils se nommaient Asselin, Ballet, Bassin, Béchu, Bideau, Blondeau, Bonin, Boudeau, Chevrat, Clément, Combord, Cribellier, Dupré, Fromentin, Goget, Grangy, Héau, Hue, Jahan, Janvier, Jolivet, Leguet, Lejarre, Louste, Madre, Marois, Martin, Moreau, Morin, Morlet, Nicolle, Patrolin, Pelletier, Pichery, Pilodeau, Pivoteau, Prochasson, Raffard, Renard, Rousseau, Sifflet, Sorin, Stock, Vauxion, Ville, Viron…
Ils se prénommaient Augustine, Alexandre ou Alexandrine, Charles, Célestin, Céline ou Cécile, Eugène ou Eugénie, François ou Henri, Jules, Jean, Léon, Louis ou Lucie, Marianne ou Madeleine, Paul, Simon ou Victor, etc…
Ils étaient nés entre 1843 et 1853 ou « à une date inconnue », 6 familles fournissaient à elles-seules 26 élèves.
Les enseignants de Châtenoy ont assez bien fait leur travail puisque, sur des statistiques allant de 1858 à 1867, 60 à 70 % des conscrits de la commune savent lire et écrire (80 à 90 % pour Coudroy, St Martin d’Abbat, mais 50 à 60 % pour Chailly et Bouzy et 40 à 50 % pour Sury, Beauchamps, Vieilles-Maisons).
***
Tout est terminé, enfin presque tout, comme le montre une lettre de l’Inspecteur primaire du 2 novembre 1864 :
« Monsieur le Maire,
Une habitude déplorable existe encore à Châtenoy, c’est le chauffage de l’école par les enfants apportant du bois.
J’ai l’honneur de vous prier, Monsieur le Maire, de vouloir bien proposer au conseil municipal de porter au budget la somme nécessaire au chauffage de la classe… »
Et puis il va falloir remettre l’ouvrage sur le métier : le 24 mai 1872, 13 ans seulement après la fin de la première construction, le Préfet écrit au maire :
« L’article 1er de la loi du 10 avril 1867 porte que toute commune de 500 habitants et au-dessus est tenue d’avoir au moins une école publique de filles, si elle n’en est pas dispensée par le Conseil départemental en vertu de l’article 15 de la loi du 15 mars 1850… »
Et Châtenoy compte à ce moment-là 534 habitants…