Bulletin municipal n° 38 - 2003
L’étang du Bourg a trouvé en 2002 une nouvelle jeunesse. Ces quelques lignes permettront de mieux connaître son passé.
Quand la portion du canal Grignon-Orléans a été terminée, permettant ainsi une liaison Montargis-Orléans, en 1692, l’étang de Châtenoy existe. On peut le voir sur cette carte contemporaine du projet de canal.
Son immense voisin, appelé ici la Noue du Gril, ne verra pas le jour (Voir bulletin n° 32). Même si, dans le projet, l’étang du Bourg est défini, comme capable d’alimenter le canal par son déversoir supérieur grâce à la rigole qui le rejoint, une question se pose : n’existait-il pas auparavant ? A peu de distance, l’étang de la Noue Mazonne, sous une forme plus réduite qu’aujourd’hui il est vrai, a reflété la forêt bien avant le creusement du canal. Et il fallait bien fournir à la circulation un axe nord sud traversant Châtenoy et permettant le passage du Huillard. Cet axe, avant l’aménagement de l’ancêtre de la D 948 au milieu du 19ème siècle, c’était l’actuel chemin de l’Etang. Alors, pourquoi ne pas imaginer depuis très longtemps, peut-être contemporaine de la naissance du bourg, une levée de terre permettant le passage au même endroit ou à une endroit proche et retenant des eaux abondantes aux usages multiples : élevage de poisson, lessive, breuvage des animaux… Les concepteurs du canal n’auraient pas créé ce site de toutes pièces pour un résultat très aléatoire… Toujours est-il que l’étang à partir de la fin du 17ème siècle va se retrouver intégré au domaine du canal. La rigole va-t-elle vraiment jouer son rôle d’alimentation du bief supérieur, celui qu’il faut à tout prix remplir pour permettre les éclusées ? On peut en douter car ce n’était guère qu’en hiver et au printemps qu’un excédent d’eau pouvait atteindre le canal. Et c’est en été et au début de l’automne que les besoins étaient les plus forts.
Dans les anciens registres de Châtenoy, on ne parle guère du canal, qui n’appartient pas à la commune. En revanche, il est souvent question de l’étang et de son émissaire, le Huillard.
Le 13 novembre 1892, le Conseil Municipal, « vu que le Huillard n’a pas sa largeur ni sa profondeur, demande qu’il soit curé depuis la propriété de monsieur Brugère jusqu’à la forêt d’Orléans. Les propriétaires riverains du cours d’eau en amont de l’étang demandent qu’il soit classé jusqu’à la forêt ».
Le 26 mars 1893, « personne ne s’étant proposé pour ou contre ledit curage, le Conseil émet l’avis que ce curage ait lieu dans le courant de l’année par les propriétaires riverains, sinon que cette opération ait lieu en régie si les riverains ne s’y sont pas conformés dans le temps déterminé ».
Le 18 août 1901, « La mise à sec par la grande sécheresse de l’étang situé à environ 200 mètres du bourg de Châtenoy donne lieu à des émanations qui ne peuvent que compromettre sûrement la santé de la population environnante. Le Conseil prie monsieur le Préfet de vouloir bien inviter l’administration du Canal d’Orléans, dont dépend l’entretien de l’étang, de faire le nécessaire pour remédier au plus tôt à ces inconvénients dont la gravité est évidente ».
Le 28 mai 1903, « le président dépose sur le bureau le dossier concernant l’assainissement de l’étang de Châtenoy et donne lecture du rapport de l’ingénieur ordinaire. Il appelle ensuite le Conseil à se prononcer sur les conclusions dudit rapport ».
Le 11 juin 1931, « Le maire expose que la rigole entre l’étang de Châtenoy et le canal d’Orléans entretient l’humidité des terres, en empêche le drainage et en même temps nuit à la salubrité des logements qui se trouvent à proximité. Le Conseil demande le déclassement de la rigole. ».
Le 24 novembre 1931, après le rapport de l’ingénieur des TPE qui annonce une prochaine étude de l’amélioration des rigoles, le Conseil reporte sa demande après la fin des études.
L’année 1949 est déterminante. Cette année-là, le Conseil est tenté par la prise en charge du site de l’étang à sec. Le service départemental de défense contre l’incendie est sollicité. L’étang ne pourrait-il revenir à la commune dans ce cadre ? Sa proximité du bourg pourrait lui permettre d’être utilisé comme point d’eau, ce qui permettrait d’obtenir une subvention de l’état. Les Domaines vont le mettre en vente. Le préfet envisage une procédure qui permettrait de transposer gratuitement l’étang dans le patrimoine communal. Le Directeur des Domaines n’est pas de cet avis et en demande 200 000 francs. Faute d’acceptation, l’étang sera vendu par adjudication. La commune accepte (Ouf !) le 2 novembre et fait un emprunt. Le préfet prévoit une subvention du département. La vanne et le déversoir sont réaménagés et les Ponts et Chaussées se proposent d’obtenir une subvention au titre de la lutte contre l’incendie. Le procès-verbal de remise aux Domaines apporte des renseignements chiffrés. « Etang de Châtenoy : un terrain antérieurement aménagé en étang, actuellement en nature de bois et marais, limité à l’est par une levée empruntée par un chemin rural non reconnu, franchissant par deux ponts en maçonnerie dont un croulant, les anciennes rigoles de fond et de superficie, climat des Daveaux et climat de Chênailles, d’une superficie de 6 ha 25 a 89 ca… ».
« Rigole des Cossenets : une bande de terrain de 1 820 mètres de longueur et d’une largeur de 12 à 13 mètres dans laquelle est aménagée la cuvette d’une rigole mettant antérieurement en communication l’étang de Châtenoy avec le bief de partage du canal d’Orléans, climat de Cossenets et climat des Bordes, d’une superficie de 2 hectares 24 ares 9 ca… ». L’acquisition sera réalisée l’année suivante, en 1950.
De 1951 à 1967, la commune va gérer directement l’étang. Les recettes sont constituées par la vente de peupliers en 1951, la vente du poisson en 1952, la location du site pour la chasse et la pêche (Messieurs Ravion de 53 à 55, puis Vallée de 56 à 61, et enfin Vaslier jusqu’en 67).
Les dépenses ont eu pour objet la réfection de la bonde (entreprises Boyer, Bourillon, Champeau), l’empoissonnement, les plantations de peupliers et d’épicéas, le curage de l’étang, la réfection de la digue…
Pour la suite, reprenons le registre des délibérations.
4 mars 1968. Le bail de location expire le 31 décembre 1967. Un groupe de propriétaires riverains propose de se constituer en « Amicale en pêcheurs et chasseurs de Châtenoy », de curer et aménager l’étang (en fait en petites parcelles) moyennant une location gratuite de 12 ans. Le Conseil publie un avis pour faire appel à des locataires, avant le 20 avril 68. Le plan d’eau devra être abaissé de 15 à 20 cm pour assainir des terres, il faudra s’engager à curer l’étang, le bail sera de 12 ans.
21 avril 1968. La question de l’étang est considérée comme « source de dissensions au sein du Conseil municipal ». Il n’y a pas de candidats locataires (profondeur d’eau insuffisante). Le Conseil accepte la proposition des propriétaires riverains (3 abstentions). Maître Quoniam rédigera le bail quand l’association sera constituée.
9 septembre 1973. L’Amicale envisage de réaliser dans l’immédiat et par ses propres moyens des travaux supplémentaires : élargissement du « canal » au maximum, aménagement de la digue en promenade, plantation de conifères, pose de parapets, curage des fossés au nord de l’étang. En compensation, le bail sera prolongé de 10 ans, jusqu’au 31 décembre 1989. A partir du 1er janvier 1980 (fin du premier bail), elle versera à la commune un loyer équivalent à la location des deux petits étangs. Le Conseil accepte.
8 septembre 1978. L’Amicale projette la mise en œuvre de l’aménagement d’une nouvelle parcelle d’étang dans la partie sud-ouest. Elle demande le report du versement d’un loyer du 1er janvier 1980 au 1er janvier 1983. Le Conseil donne son accord.
22 avril 1983. Du 1er janvier 1983 au 31 décembre 1989, on donne trois lots en location gratuite à l’Amicale. En contrepartie, l’association entretient tout le site. Deux autres parcelles sont louées directement par la commune (Comité d’entreprise de la coopérative agricole de Pithiviers et Roger Rieg de Montereau). Le problème du statut de l’étang commence à inquiéter les esprits. Si c’est « un enclos piscicole », le permis de pêche n’est pas nécessaire. C’est le contraire s’il s’agit d’ « eaux libres ».
10 novembre 1983. De nouveaux locataires sont prévus pour les parcelles 2 et 3 : le comité d’entreprise de l’ONF et monsieur Maurice Guémon. La Situation est reconduite d’année en année, on ajuste les loyers.
7 décembre 1998. Les travaux actuels sont envisagés.
29 janvier 2001. La dissolution de l’Amicale est évoquée.
Par l’ancienneté de son existence (avant 1829), l’étang est reconnu comme admettant tout à fait légalement des pêcheurs sans permis.